Le jeu de domino se retrouve dans l'impasse lorsqu'il est impossible de placer des dominos dans chacune des extrémités, même si les joueurs ont des pièces entre leurs mains. Une chose similaire survient en Haïti à la veille du second tour des présidentielles.
La situation est extrêmement complexe après la décision du candidat de l'opposition Jude Célestin de ne pas y participer faute de confiance dans la transparence des résultats.
Pour organiser des élections il faut au moins avoir deux candidats, mais voilà qu'aucun homme politique ne veut “jouer” avec le candidat du parti au gouvernement, Jovenel Moïse. La loi électorale prévoit que si l'un des candidats renonce à se présenter aux élections, le 3è candidat ayant remporté le plus grand nombre de voix vient le remplacer.
Dans ce cas-ci, ce serait Moïse Jean Charles. Mais celui a annoncé son refus d'y participer.
Malgré cette situation, le président Michel Martelli persiste sur la tenue dimanche du second tour, comme c'était prévu et cela bien que le Sénat ait adopté hier une résolution non contraignante, où il conseille d'ajourner le second tour jusqu'à ce que l'on trouve une alternative viable pour résoudre la crise.
Ces dernières heures, le premier ministre, Evans Paul, a signalé que le second tour pourrait être ajourné une fois de plus si les partis d'opposition acceptaient certaines conditions, dont il n'a pas donné de détails.
Le second tour avait été ajourné dans un début pour le 27 décembre dernier, mais face aux tensions sociales et aux protestations dans la rue, il a été reporté au 17 janvier, date à laquelle il n'a pas été possible de les organiser non plus.
Cette semaine, est marquée par des manifestations qui aboutissent parfois à des violences de la part de petits groupes qui ont attaqué des bureaux de vote, incendié des pneus, lancé des pierres. La répression des forces policières ne s'est pas fait attendre.
Sur les 9 membres du Conseil Électoral Provisoire, seuls 5 sont en fonctions. 3 ont démissionné et le 4è a été destitué.
Depuis des décennies, cette petite île caribéenne lutte pour instaurer un système démocratique et pour atteindre la stabilité politique qui est la base pour le développement économique et le bien être de la population. À chaque fois, les Haïtiens ont été frustrés de leurs aspirations par de grossières interventions étrangères, surtout des États-Unis qui n'ont fait que semer le chaos, la corruption et faire de ce pays un endroit ingouvernable.
Comme si ces malheurs ne suffisaient pas à eux seuls, en 2010 un violent tremblement de terre a détruit le pays, qui a été ensuite victime d'une épidémie de choléra qui a causé d'innombrables victimes.
Les prochaines heures seront décisives pour essayer de trouver une issue à la crise électorale. Pour ce faire, la bonne volonté de tous les acteurs est nécessaire. L'influence de la communauté internationale est aussi décisive, mais sans pressions ou ingérences. Il ne faut pas oublier le vieux proverbe malgache qui dit : « Dans la vie il y a des gens prêts à vous aider et d'autres à vous enfoncer ».