Par Guillermo Alvarado
Les rues de Paris et des principales villes françaises sont le théâtre de grandes manifestations à l’appel d’organisations syndicales, de mouvements sociaux et d’organisations étudiantes contre une réforme du code du travail que prône le président François Hollande et qui réduirait d’une façon remarquable les droits des travailleurs.
Ce jeudi, des milliers et des milliers de Français sont de nouveau descendus dans la rue à Paris et dans d’autres villes importantes de l’hexagone. Les manifestations étaient accompagnées de coupures des services des transports en commun y compris le TGV, les trains à grande vitesse et la réduction d’un 15% des vols programmés à l’aéroport d’Orly.
Au cœur du conflit, ce projet de réforme exigé par les autorités de l’Union Européenne, un projet qui jetterait par terre, d’un trait de plume, des conquêtes historiques, dont la semaine de travail à 35 heures et la protection contre les licenciements injustifiés.
Ce projet de loi donne également aux patrons la faculté de réduire son personnel en cas d’une baisse des ventes ou des commandes de services, également en cas d’une conjoncture économique générale adverse ou tout simplement de la baisse de leurs revenus.
En plus de ces droits au licenciement de son personnel, les chefs d’entreprises auraient la faculté de verser des indemnisations bien au dessous des limites fixées par les normes actuelles.
Également, le secteur privé aurait le privilège d’augmenter les heures de la journée du travail d’après ses besoins ou de réduire le paiement des heures supplémentaires.
Cela explique la colère des Français de la rue. Les syndicats dénoncent le retour aux conditions de travail qui régnaient au 19e siècle. Le projet de loi, il fallait bien s’y attendre, bénéficie de l’appui résolu du secteur patronal, agglutiné au Mouvement des Entreprises de France, ainsi que des autorités de Bruxelles.
Pour le président Hollande, cette lutte vient tomber à un moment adverse. La France est aux portes d’une nouvelle période électorale et sa côte de popularité est au plus bas.
Même plusieurs secteurs du Parti Socialiste Français, de centre droit, s’opposent à la réforme du code du travail. Parmi eux, Martine Aubry, artisane de la loi des 35 heures de travail en 1998, quand elle détenait le portefeuille du Travail.
Les forces de la droite la plus conservatrice se frottent les mains car elles voient que ce conflit a bien de chances d’enterrer à jamais les intentions de Hollande de présenter sa candidature à la réélection l’année prochaine.
Jusqu'à présent, tous les plans du président pour équilibrer l’économie et réduire le chômage ont échoué. Mais, il faut le dire, la gauche et les organisations progressistes françaises n’ont pas su saisir l’occasion pour gagner l’appui des électeurs.
Des jours décisifs approchent. Le thermomètre est peut-être la virulence avec laquelle la police charge les manifestants qui, malgré les grenades lacrymogènes et les canons à eau, continuent de rejeter les programmes néo-libéraux d’un gouvernement qui prétend toujours naviguer battant le pavillon de la gauche.