Geneve, 24 juillet (RHC)- « Tant que le Covid-19 circule, tout le monde est en danger », a de nouveau rappelé le Directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Ce n’est pas parce que le nombre de cas est faible là où vous vivez que vous pouvez baisser votre garde. Ne vous attendez pas à ce que quelqu’un d’autre vous mette en sécurité », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle organisée depuis Genève.
Le Directeur général a invité tout un chacun à jouer son « rôle pour nous protéger et nous protéger les uns les autres ».
Ce nouvel avertissement intervient alors que l’agence onusienne a constaté ces dernières semaines que certains foyers de transmission ont été associés à « des boîtes de nuit et autres rassemblements sociaux », et même dans « des endroits où la transmission avait été supprimée ».
« Nous devons nous rappeler que la plupart des gens sont encore sensibles à ce virus », a insisté le Dr. Tedros même s’il admet que la pandémie a perturbé la vie de milliards de personnes dans le monde. « Beaucoup sont chez elles depuis des mois. Il est tout à fait compréhensible que les gens veuillent reprendre leur vie en main », a poursuivi le chef de l’OMS.
Les individus et les communautés doivent gérer leurs propres risques
Toutefois, « le meilleur moyen de supprimer la transmission de la Covid-19 et de sauver des vies est « d’amener les individus et les communautés à gérer leurs propres risques », souligne l’OMS. Aussi bien à titre individuel qu’au sein de la communauté, le Dr. Tedros rappelle qu’il faut « prendre des décisions fondées sur des données probantes pour protéger sa propre santé et celle de sonentourage ». Une façon de rappeler que tout un chacun doit connaître sa situation. « Savez-vous combien de cas de Covid-19 ont été signalés là où vous étiez hier ? Savez-vous où trouver cette information ? », ce sont-là des questions à se poser, a dit le Directeur général.
Pour l’OMS, certaines questions doivent guider le quotidien de tous : « Savez-vous comment minimiser votre exposition à la Covid-19 ? Faites-vous attention de bien vous tenir à au moins un mètre des autres ? Lavez-vous toujours vos mains régulièrement ? Suivez-vous les conseils de vos autorités locales ? ».
Des questionnements et une attitude qui ont le don de rappeler que « nous ne reviendrons pas » de sitôt à la « vieille normalité ». « La pandémie de Covid-19 a déjà changé notre façon de vivre », a ajouté le Dr. Tedros.
Dans ces conditions, s’adapter à la « nouvelle normalité » consiste, en partie, à trouver « des moyens de vivre en toute sécurité ». « C’est possible, mais la manière de le faire dépendra de l’endroit où vous vivez et de votre situation », a reconnu le chef de l’OMS, soulignant qu’il s’agit alors de faire de bons choix. Et pour le Dr. Tedros, à tout chacun « de considérer les décisions concernant l’endroit où il va, ce qu’il fait et les personnes qu’il rencontre comme des décisions de vie ou de mort - parce qu’elles le sont ». « Ce n’est peut-être pas votre vie, mais vos choix peuvent faire la différence entre la vie et la mort pour quelqu’un que vous aimez ou pour un parfait étranger », a-t-il fait remarquer.
Une « transmission intense » du virus dans un nombre relativement restreint de pays
La pandémie de Covid-19 a fait au moins 618.017 morts dans le monde, selon un bilan établi jeudi par l’OMS. Plus de 14.971.036 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.
Bien que tous les pays aient été touchés, l’OMS continue à observer une transmission intense dans un groupe de pays relativement restreint. « Près de 10 millions de cas de Covid-19, soit les deux tiers de tous les cas dans le monde, proviennent de 10 pays, et près de la moitié de tous les cas signalés jusqu’à présent proviennent de trois pays seulement », a détaillé le Dr. Tedros.
Mais pour venir à bout de la maladie, l’OMS met en avant « deux piliers essentiels », à savoir « le leadership politique et l’engagement communautaire ». L’un des outils que les gouvernements peuvent utiliser est la loi - non pas pour contraindre, mais pour protéger la santé tout en protégeant les droits de l’homme. Car « des lois bien conçues peuvent aider à mettre en place des systèmes de santé solides, à évaluer et à approuver des médicaments et des vaccins sûrs et efficaces, et à appliquer des mesures visant à créer des espaces publics et des lieux de travail plus sains et plus sûrs ».
En revanche, « des lois mal conçues, mal appliquées ou mal mises en œuvre peuvent nuire aux populations marginalisées ». « Elles peuvent aussi « renforcer la stigmatisation et la discrimination et entraver les efforts visant à mettre fin à la pandémie », a rappelé le Dr. Tedros, relevant au passage le lancement mercredi d’un laboratoire juridique dédiée à la Covid-19, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’université Georgetown aux Etats-Unis.
Finalement, dans le combat contre le nouveau coronavirus, « peu importe où vous vivez ou votre âge, vous pouvez être un leader dans votre communauté, non seulement pour vaincre la pandémie, mais aussi pour reconstruire en mieux ». A cet égard, le Dr. Tedros a rappelé l’engagement des jeunes ces dernières années, qui ont su « mener des mouvements de base pour le changement climatique et l’égalité raciale ». « Nous avons maintenant besoin de jeunes pour lancer un mouvement mondial en faveur de la santé - pour un monde dans lequel la santé est un droit humain, et non un privilège », a fait remarquer le chef de l’OMS.
Par ailleurs, le Dr.Tedros a déclaré que les commentaires mettant en doute son indépendance ne détourneraient pas l’agence onusienne de son travail de lutte contre le coronavirus. « Ces commentaires sont faux et inacceptables et sans aucun fondement à cet égard », a-t-il assuré, en réponse à une question sur les aux propos de l’administration américaine mettant en doute son indépendance. Selon des propos rapportés par la presse britannique, Washington a accusé le Directeur général de l’OMS d’avoir été « acheté » par la Chine. Mais le Dr. Tedros a dit qu’il savait que la politisation du virus était le grand risque dans la lutte contre une pandémie.
Source news.un.org