Genève, 9 avril (RHC) L’Organisation internationale du Travail (OIT) a estimé à 26 millions le nombre d’emplois perdus en Amérique latine et dans les Caraïbes à la suite de la pandémie de COVID-19, selon un nouveau rapport de l’agence, qui indique que 2021 a démarré avec un panorama du travail "complexe" et "aggravé" par les nouvelles vagues de contagion et la lenteur des processus de vaccination qui rendent plus incertaines les perspectives de reprise en matière d’emploi.
"La recherche d’une meilleure normalité va nécessiter des actions ambitieuses pour nous remettre des reculs dans le monde du travail", a averti le directeur de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Vinícius Pinheiro, qui s’est engagé à créer des possibilités d’emploi décent et à parvenir à un consensus pour que 2021 soit "l’année de la vaccination et de la reprise économique avec la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité".
Pour atteindre ces objectifs, le directeur régional estime qu’il sera essentiel d’aborder les conditions de travail préexistantes dans la région, qui expliquent en grande partie l’impact de la contingence sanitaire sur l’emploi latino-américain. "Beaucoup des défis que nous avions avant la pandémie sont toujours d’actualité, même s’ils sont aujourd’hui plus urgents", a-t-il souligné.
Parmi les autres facteurs caractéristiques de la région, le représentant de l’OIT souligne la grande informalité de l’emploi, les espaces fiscaux restreints, les inégalités persistantes, la faible productivité et la faible couverture de la protection sociale, ajoutées à des problèmes tels que le travail des enfants et le travail forcé. Les impacts les plus graves sur le travail au deuxième trimestre de 2020, lorsque les indicateurs de l’emploi et de la participation se sont effondrés, puis ont partiellement repris.
Cependant, à la fin de 2020, le taux d’emploi moyen dans la région était tombé de 57,4% à 51,7%, une baisse qui équivaut à la perte d’environ 26 millions d’emplois, dont 80 %, plus de 20 millions de personnes, ne font plus partie de la main-d’œuvre latino-américaine.
La chute de la main-d’œuvre contraste avec la contraction du chômage, qui est passé de 8,3 % à 10,6 % en 2020. Selon l’OIT, le chômage ne montre que partiellement l’ampleur des difficultés que connaissent les marchés du travail de la région. L’auteure du nouveau rapport, Roza Maurizio, a commenté la possibilité d’une augmentation importante du taux de chômage une fois que les millions de personnes qui avaient cessé d’y participer auront réintégré la population active. Une autre conséquence de la pandémie en Amérique latine est la réduction des heures de travail travaillées, qui a été la plus grande au monde.
L’institution note que cette crise, tant dans l’emploi formel que dans l’emploi informel, a connu des contractions très prononcées, mais a été plus intense dans le second, ce qui a entraîné une réduction (temporaire) du taux d’informalité, une situation qui a déjà commencé à changer.
Dans ce scénario, Maurizio avertit qu’il existe un risque élevé d’informalité qui s’ajoute aux niveaux déjà élevés du travail informel que connaissaient les pays avant la pandémie.
Selon les données disponibles dans sept pays, la reprise de l’emploi au second semestre de 2020 a été presque entièrement réalisée par la croissance de l’emploi informel. Ces emplois représenteraient plus de 60 % de l’augmentation totale de l’emploi.
La membre de l’OIT a indiqué que ce déficit du travail formel deviendra plus manifeste dans certains groupes de population comme les jeunes et les femmes, qui "ont plus de difficultés à s’insérer dans un emploi formel".
"Les perspectives de reprise économique pour 2021 sont modestes et encore très incertaines, de sorte que les attentes concernant une éventuelle inversion de la situation critique du marché du travail devraient être très prudentes", a ajouté Maurizio.
Source Cubadebate