Bogota, 8 juin (RHC) Des parlementaires, des avocats, d’anciens militaires, des journalistes, entre autre, se méfient aujourd’hui de la réforme intégrale de la Police nationale colombienne proposée par le président Iván Duque.
Dimanche dernier, alors que la police était accusée de brutalité à l’égard de manifestations pacifiques, le président a annoncé que son gouvernement demanderait au Congrès d’approuver un ensemble de réformes de ce corps.
Conformément à ce qui a été annoncé, la proposition prévoit une transformation complète de la police qui met l’accent sur la stricte application des droits de l’homme, la certification des processus et un changement dans l’image institutionnelle de l’entité.
Pour la députée Angela Maria Robledo, le véritable changement de la police est de réglementer l’usage des armes dites 'non létales', de répondre de ses délits devant la justice ordinaire et de passer sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et d’éliminer l’Escadron mobile antiémeutes (Esmad)
Votre grand changement sera-t-il de remplacer l’uniforme vert par l’uniforme bleu? , a demandé Robledo en se référant à une autre des transformations de ce corps.
Selon Ramiro Bejarano, avocat et professeur dans plusieurs universités colombiennes, il s’agit de 'plus de maquillage pour essayer de dissimuler la répression officielle'.
Duque a annoncé les changements le jour même où une commission régionale des droits de l’homme est arrivée dans le pays pour vérifier les violences policières et militaires dans le contexte des mobilisations
Il a souligné que, malgré cela, les excès de la police, les blessés, les morts et les disparus ne s’arrêtent pas et que le Bureau du Procureur général de la nation garde un silence honteux.
Pour sa part, le professeur Gabriel Becerra qui est également chroniqueur de l’hebdomadaire Voz, a estimé que cette réforme proposée est une démagogie immanquable 'du mauvais gouvernement'.
Il a souligné, à travers son compte Twitter, qu’il ne faut pas moderniser la police colombienne mais la refonder.
Un utilisateur influent de cette plate-forme, identifié comme le sergent à la retraite Ochala, a fait allusion au dicton qui dit : 'la mona, bien qu’elle s’habille de soie mignonne reste', en avertissant que le changement dans la police nationale 'sera la même chose'.
La première chose à faire, a-t-il souligné, est de capturer et d’emprisonner les assassins bandits qui ont tué des jeunes dans les rues avec l’aide des paracos (paramilitaire, individu appartenant à une organisation armée illégale d’extrême droite qui défend des intérêts privés qui n’ont que peu ou rien à voir avec le bien-être de la communauté.
Le 28 avril dernier a commencé un chômage national contre une réforme fiscale dommageable, impulsée par le gouvernement de Duque qui augmentait les taxes sur les biens et services et créait de nouvelles taxes.
Les manifestations ont conduit à une explosion sociale, marquée par la répression de la force publique qui a fait plus de 70 morts. On a comptabilisé aussi des centaines de blessés et de disparus, des dizaines de viols, des blessés et des personnes ayant perdu un de leurs yeux ainsi que des cas de torture.
Source Prensa Latina