Jean-Luc Melenchon, leader de La France Insoumise, prononce un discours après les premiers résultats du second tour des élections législatives françaises, au siège de NUPES à Paris, France, le 19 juin 2022.
Paris, 19 juin (RHC) Le président Emmanuel Macron a subi un désaveu majeur dimanche au second tour des élections législatives en France, perdant sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui va compliquer sa capacité à gouverner dans un scrutin également marqué par la forte poussée de l'extrême droite et de la gauche.
Si ces résultats se confirment, le président français, réélu en avril pour un second mandat, devra trouver des alliances pour mettre en oeuvre son programme de réformes dans les cinq prochaines années.
Dans un premier commentaire, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, un proche du président, a concédé que c'était "loin de ce que l'on espérait".
"Ce qui se dessine est une situation inédite dans la vie politique et parlementaire, qui va nous imposer de dépasser nos certitudes, nos clivages", a-t-il affirmé sur la chaîne TF1.
Selon les premières projections des instituts de sondage, la coalition Ensemble! du président, qui arrive malgré tout en tête du scrutin, obtiendrait entre 200 et 260 sièges, très loin de la majorité absolue de 289 députés (sur 577) à l'Assemblée nationale.
Pour sa part, l'alliance de gauche Nupes menée par Jean-Luc Mélenchon se situe entre 150 et 200 députés, et devient le premier groupe d'opposition à l'Assemblée, selon ces projections.
Pour la gauche unie - une première depuis des décennies -, c'est une victoire au goût amer puisqu'elle échoue à imposer une cohabitation au président Macron comme elle en affichait l'ambition.
"Tsunami"
Le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen obtient lui entre 60 et 100 députés selon les mêmes sources, ce qui représente une percée considérable.
"C'est une vague bleue marine partout dans le pays. L'enseignement de ce soir, c'est que le peuple français a fait d'Emmanuel Macron un président minoritaire", s'est réjoui le président par interim du parti, Jordan Bardella, allant jusqu'à évoquer un "tsunami".
La formation de Marine Le Pen, finaliste de l'élection présidentielle et largement réélue dimanche, multiplie par quinze son nombre de députés et franchit le seuil requis pour former un groupe à la chambre basse du Parlement, une première depuis plus de 35 ans.
Quant à la droite classique, elle sauve les meubles avec une soixantaine de députés, et pourrait se retrouver en position d'arbitre dans la future Assemblée même si elle perd son statut de premier groupe d'opposition à l'Assemblée.
La répartition précise des 577 sièges à l'Assemblée nationale ne devrait être connue que plus tard dans la nuit.
Ce vote risque de provoquer une grande instabilité. "Sur chaque vote, tout est possible", a anticipé le politologue Alain Duhamel, puisqu'il n'y a pas de majorité absolue et que le gouvernement peut se retrouver en minorité sur chaque vote.
Abstention
Sans surprise, ce scrutin, le 4ème en deux mois après la présidentielle, a été boudé par les Français alors qu'une partie du pays subissait une vague de chaleur inédite.
Le taux d'abstention devrait atteindre entre 53,5% et 54%, en hausse de plus d'un point par rapport au premier tour (52,49%), selon les instituts de sondage. Elle n'atteindra toutefois pas le record du second tour de 2017 (57,36%).
Ce scrutin parachève un long cycle électoral qui aura confirmé une vaste recomposition politique en France autour de trois blocs au détriment des partis traditionnels de droite et de gauche, entamée avec l'élection de M. Macron en 2017.
Les Français se seront rendus au total aux urnes pas moins de quatre fois en deux ans, dans un contexte de crises successives, de la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine en passant par la hausse de l'inflation et des menaces sur l'économie.
Dans la dernière ligne droite, Emmanuel Macron avait dramatisé l'enjeu, mais les Français semblent ne pas l'avoir entendu, préférant ne lui accorder qu'une majorité relative.
La journée avait mal commencé pour la majorité présidentielle avec l'échec en Guadeloupe de la secrétaire d'Etat chargée de la Mer, Justine Benin, battue par le candidat de gauche.
Conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron, Mme Benin devra, à peine nommée, quitter le gouvernement.
Et les mauvaises nouvelles se sont succédées dans la soirée: l'actuel président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, proche de M. Macron, a été battu face à une candidate de la Nupes. Le patron des députés Christophe Castaner était également dans une situation difficile.
Cela pourrait aussi être le cas de plusieurs autres ministres, dont Clément Beaune (Europe) ou Amélie de Montchalin (Transition écologique), engagés dans des duels serrés face à la gauche en région parisienne.