L'ONU dénonce que la principale source d'armes à feu et de munitions en Haïti se trouve aux États-Unis, en particulier en Floride
Port-au-Prince, 4 mars (RHC) - Plus de 500.000 armes à feu illégales pourraient être en circulation en Haïti.
C'est le chiffre donné dans le rapport publié hier, 3 mars, par l'UNODC (Office des Nations Unies contre le Trafic de Drogues et la Criminalité) intitulé " Les marchés criminels d'Haïti : cartographie des tendances du trafic d'armes de feu et de trafic de drogues ".
Le chiffre rapporté se réfère à 2020 et a été publié par la Commission nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (CNDDR). Cette évaluation est toutefois considérée comme approximative ; ce qui est certain, selon l'ONUDC, c'est que "si le nombre d'armes circulant en Haïti ne sera peut-être jamais connu, la grande majorité d'entre elles sont illégales".
"La principale source d'armes à feu et de munitions en Haïti se trouve aux États-Unis, en particulier en Floride", indique le rapport. Les armes sont achetées par des intermédiaires et des hommes de paille dans les États de la Fédération qui ont une législation laxiste sur leur vente, puis envoyées en Floride d'où elles prennent la route de l'État des Caraïbes.
"Les armes sont expédiées dans des conteneurs directement depuis les ports du sud de la Floride, cachées à l'intérieur de produits de consommation, d'équipements électroniques, de doublures de vêtements, d'aliments congelés ou même de coques de cargos. À l'arrivée en Haïti, la cargaison est déchargée et transférée aux utilisateurs finaux par une série d'intermédiaires".
"Des armes achetées pour 400 à 500 dollars chez des armuriers sous licence fédérale ou dans des expositions d'armes aux États-Unis peuvent être revendues jusqu'à 10 000 dollars en Haïti", souligne l'ONUDC.
Les gangs criminels augmentent la demande d'armes plus puissantes telles que les AK47, AR15 et les fusils Galil, qui atteignent alors des prix encore plus élevés. Les autorités américaines elles-mêmes ont déclaré avoir constaté une augmentation du trafic illicite d'armes à destination d'Haïti, y compris des fusils de précision même en calibre 50 (capables de tirer jusqu'à 1 500 mètres et de percer des blindages) et même une mitrailleuse alimentée par une ceinture. Des armes de guerre utilisées dans les conflits entre les 150 à 200 gangs criminels qui opèrent dans le pays.
Les autres routes empruntées par les trafiquants d'armes sont la République dominicaine voisine et, dans une moindre mesure, la Jamaïque, qui, comme le souligne une note du rapport, a également "connu une forte augmentation des saisies d'armes à feu ces dernières années". Selon la police jamaïcaine, les saisies d'armes à feu au cours des six premiers mois de 2022 par rapport à 2021 ont augmenté de 37 %".
Haïti est un point de transit et de tri de la cocaïne en provenance de Colombie destinée aux marchés américain et canadien, et du cannabis en provenance de Jamaïque, principalement destiné au marché touristique de la République dominicaine.
L'économie illégale semble désormais dominer le pays, un phénomène qui va de pair avec la privatisation de la sécurité. "Bien qu'il ne soit pas possible de le vérifier de manière indépendante, les spécialistes estiment qu'il pourrait y avoir 75 000 à 90 000 personnes travaillant pour une centaine de sociétés de sécurité privées dans le pays, soit au moins cinq fois le nombre de policiers", indique le rapport. (Source, Fides)